15 mai 1940 : la rafle des « indésirables »

Le 15 mai 1940 est une date oubliée de notre histoire, ensevelie sans doute par les chars nazis qui déjà, depuis le 10 mai, fonçaient vers la France depuis la Belgique. A Sedan, le front a déjà lâché. La Ligne Maginot n’a servi à rien et le temps où la propagande française promettait d’aller faire sécher le linge de l’armée de la République sur la ligne Siegfried est bien loin.

Pourtant, cette date dit beaucoup de nos fragilités et d’un moment où la République avait déjà cessé d’être fidèle à elle-même. 5000 femmes sont rassemblées au Vélodrome d’hiver. La veille, le général Pierre Héring, gouverneur militaire de Paris a fait placarder dans ce Paris si fébrile un message qui devait rassurer les « Français » : « les ressortissants allemands, sarrois, dantzikois et étrangers de nationalité indéterminée, mais d’origine allemande (c’est-à-dire Juifs déchus de leur nationalité allemande), résidant dans le département de la Seine » devaient se présenter au Stade Buffalo pour les hommes, au Vélodrome d’hiver pour les femmes. En pleine guerre, la coalition de centre-gauche de Paul Reynaud poursuit une hypothétique « 5ème colonne » d’allemands qui saperaient l’effort de guerre.
La rafle des « indésirables » se met en place. Parmi les victimes, des femmes, très nombreuses à avoir répondu à cette convocation, on voit arriver au Vel’d’Hiv Hannah Arendt, Lotte Eisner et Dita Parlo. Direction : le camps de Gurs, dans les Pyrénées Atlantiques. 
Si des commissions sont péniblement mises en place pour évaluer la validité de ces internements, le résultat est catastrophique : la majeure partie des réfugiés venus d’Allemagne pour fuir le nazisme est mise aux arrêts, dans des conditions épouvantables, par la République. La peur a fait trembler le gouvernement au point de commettre un immense reniement dont les effet seront irrémédiables. Au moment de l’invasion et de la capitulation de la France, les camps d’internements où étaient enfermés des ennemis de la France putatifs ont été fournis, clés en main, à la politique de Collaboration qui devenait le supplétif de la recherche des « ennemis du Reich ». La situation est affreusement résumée par Hannah Arendt, témoin des faits : nous étions face à  «une nouvelle espèce d’êtres humains engendrés par l’histoire contemporaine, ceux qui sont mis dans des camps de concentration par leurs ennemis et dans des camps d’internement par leurs amis».

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