16 juin 1976 : Le massacre de Soweto

Les émeutes de Soweto sont une série de manifestations qui ont commencé le matin du 16 juin 1976, organisées par des élèves noirs de l’enseignement public secondaire en Afrique du Sud.

Le but de ces manifestations était de protester contre l’introduction de l’afrikaans comme langue officielle d’enseignement à égalité avec l’anglais dans les écoles locales. Pour disperser les 20 000 élèves, la police tire à balles réelles, causant la mort d’au moins 23 personnes. Durant la répression menée par les forces de police dans Soweto et ailleurs, plus de 500 personnes sont tuées. Le 16 juin est devenu en 1994 un jour férié, la fête de la jeunesse.

En 1976, l’Afrique du Sud est régie par les lois de l’apartheid mises en place dans le pays à partir de 1949.

À l’origine des manifestations, un décret de 1974 qui établit que l’afrikaans sera la langue de l’enseignement, au même niveau que l’anglais, dans toutes les écoles noires.

L’afrikaans, souvent associé à l’apartheid en tant que “langue de l’oppression”, avait incité les noirs d’Afrique du Sud à préférer l’anglais, également parce, que dans quelques régions, l’anglais avait le statut de langue officielle au côté des langues autochtones.

Pour justifier le décret, le vice-ministre de l’Éducation déclare que le décret permet de se conformer à l’obligation constitutionnelle de prodiguer un enseignement dans les langues anglaises et afrikaans.

Toutefois, en pratique, les élèves blancs se voient enseigner dans leur langue maternelle du fait que les écoles qu’ils fréquentent se trouvent dans des quartiers où leur langue est parlée.

Le vice-ministre déclare alors : “Pourquoi devrait-on commencer maintenant à se quereller à propos de la langue d’enseignement pour les personnes de race noire ?… Non, je ne les ai pas consultés et je ne vais pas les consulter. J’ai consulté la Constitution de la République d’Afrique du Sud”.

Le 30 avril 1976, les premiers élèves d’une école à Soweto se mettent en grève et refusent d’aller à l’école, avant que, durant le mois de mai, d’autres écoles de Soweto se joignent à la grève et demandent le même traitement que les écoliers blancs, instruits dans leur langue maternelle. Un grand rassemblement est prévu pour le 16 juin par un comité d’action qui s’est mis en place pour organiser le mouvement.

Le 16 juin, les élèves se réunissent dans le but de protester et d’exprimer leurs opinions pacifiquement, avec la volonté d’éviter tout affrontement avec la police.

Les autorités – une cinquantaine de policiers présents sur place – ont reçu l’ordre du ministre de la Justice, Jimmy Kruger, de rétablir l’ordre à tout prix et d’user de tous les moyens pour disperser les manifestants.

Ordonnant alors, sans être entendu, la dispersion de la foule, l’officier de police chargé du maintien de l’ordre tire un premier coup de feu, provoquant la panique et le chaos alors que les tirs de gaz lacrymogènes s’enchaînent. Les policiers commencent à tirer à balles réelles, causant la mort de jeunes manifestants.

À la suite du massacre, des émeutes éclatent dans le pays, poussant le gouvernement à retirer le décret sur l’enseignement. Les Nations Unies, en réaction à cet événement, décident de mettre en place un embargo sur les vente d’armes à destination de l’Afrique du Sud, amorçant un début de boycott du pays.

L’Organisation de l’unité africaine (OUA) organise depuis 1991, le 16 juin, la journée de l’enfant africaine, un jour férié en Afrique du Sud, en souvenir du massacre des enfants à Soweto.

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