La loi contre le racisme est-elle liberticide ?

La loi contre le racisme est-elle liberticide ?

 

On entend souvent certains crier à la censure, s’offusquer du règne de la pensée unique, du politiquement correct : à les entendre, on ne pourrait plus rien dire ! Comme si la loi était faite pour protéger certains et museler les autres… Comme s’il existait une prétendue « police de la pensée » !

La loi contre le racisme interdit-t-elle de tout dire quand, par exemple, on parle des minorités ou de l’immigration ?

En France, la liberté d’expression a été consacrée par la loi sur la liberté de la presse, adoptée le 29 juillet 1881. Cette liberté n’est pas un vain mot ! Cette loi instaure un principe simple : la liberté est la règle, l’interdiction est l’exception. Ainsi tout peut être énoncé, écrit et publié. En revanche, on peut avoir à répondre devant les tribunaux d’écrits ou de discours tenus publiquement, quand une personne estime, par exemple, avoir été offensée ou injustement accusée. 

En matière de racisme et d’antisémitisme, ce que la loi sanctionne, c’est l’injure, la diffamation et la provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence. Pour qu’un délit soit constitué, il faut que les juges étudient attentivement la nature des propos énoncés, les termes utilisés, le contexte et l’environnement dans lesquels ils ont été formulés… bref, un ensemble d’éléments qui laissent aux citoyens une latitude considérable pour exprimer leurs idées ou leurs émotions sur quelque sujet que ce soit.

La loi n’a pas pour objectif de promouvoir certaines idées, croyances ou de défendre certaines communautés. Elle vise à garantir la dignité personnelle contre les atteintes discriminatoires, et l’ordre public. Elle n’empêche pas de penser librement : elle assure, au contraire, la « libre communication des pensées et des opinions » qu’elle reconnaît comme l’ « un des droits les plus précieux de l’homme ». Ce n’est donc que l’abus de cette liberté, dans des cas qu’elle détermine précisément, qui peut être puni, lorsqu’il est établi, par exemple, qu’un locuteur a outrepassé les droits de la critique et basculé dans l’insulte ou la calomnie. 

Loin d’être une restriction à la parole ou à l’écrit, cette régulation est précisément ce qui protège la liberté d’expression. Car, un régime où tout pourrait être dit sans limite, sans garde-fou, resterait-il longtemps démocratique ?

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