La radicalisation, de quoi parle-t-on au juste ?

La radicalisation, de quoi parle-t-on au juste ?

Les mots peuvent changer de signification selon le contexte historique. En France, l’expression « radicaux » désigne depuis longtemps un groupe politique qui se réclame de ses racines républicaines et laïques. À l’inverse, on parle de radicalités politiques à propos de mouvements qui utilisent la violence pour faire « table rase du passé », contrairement aux réformateurs qui souhaitent faire évoluer la société par les voies démocratiques. Plus récemment, depuis les attentats terroristes qui ont ébranlé la planète, la radicalisation qualifie des groupes qui combattent les mécréants, « les occidentaux pervertis », au nom d’un extrémisme religieux.

On ne naît pas radicalisé, on le devient. La radicalisation est un processus de ruptures, avec un mode de vie, l’entourage, la famille, sa propre identité, dans le but de se transformer soi-même et de transformer le monde. Tous les moyens sont bons pour y parvenir (la fin justifie les moyens), y compris la violence jusqu’au terrorisme. Ce processus peut se dérouler en quelques mois, quelques semaines voire quelques jours, notamment après avoir entendu le prêche d’un religieux, un ami qui veut vous convertir ou, plus souvent, après avoir consulté un site internet.

La radicalisation religieuse se distingue des radicalités politiques. La première justifie la violence par le commandement de dieu, puissance supérieure inaccessible aux impies. Elle se veut au dessus de l’argumentation rationnelle parce que relevant de la foi. Elle exprime un fanatisme religieux. Les radicalités politiques, en revanche, partent d’une analyse des injustices sociales et veulent atteindre les causes à la racine. Elles se réclament d’une explication argumentée des relations de pouvoir et des « rapports de force » pour appeler à la révolution ou à un changement de régime, au nom d’un projet qui s’adresse à l’humanité. Mais entre la radicalisation religieuse et les radicalités politiques, la frontière est parfois poreuse : les mouvements totalitaires et les haines racistes ou antisémites, comme durant le nazisme, dérivent de la radicalité politique vers une idéologie de la pureté qui abandonne toute explication rationnelle.

Derrière le mot radicalisation, il y a toute une échelle de comportements, mais tous sont inspirés par une même vision simpliste du monde divisé par une ligne de démarcation entre les purs et les impurs.

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