Pourquoi différencier antisémitisme et racisme ?

Pourquoi différencier antisémitisme et racisme ?

 

En effet, pourquoi le « racisme » à l’égard des juifs a un mot spécifique: l’antisémitisme ? Comme si le terme de racisme ne suffisait pas à le caractériser. Cette distinction alimente parfois l’idée d’un « deux poids deux mesures » qui, comme toujours, profiterait aux juifs. Il n’en est rien. 

L’histoire de l’antisémitisme est particulière par sa longévité, depuis l’Antiquité, par sa continuité mais aussi ses mutations. L’antisémitisme est une passion qui a pu traverser les âges parce qu’elle se moque de la vérité des faits. Elle est construite sur des croyances et des stéréotypes forts comme le déicide, le crime rituel, la ruse, la cupidité, sans cesse remis au goût du jour. Cet imaginaire trouve son paroxysme dans le meurtre, les pogromes mais surtout dans le génocide, pendant la Seconde Guerre mondiale.

La haine des juifs repose en fait sur des fantasmes déconnectés de la réalité et de la présence même des juifs. En effet, même quand ils ne sont pas là, ils sont partout ! Le thème du « complot juif », composante majeure de l’antisémitisme, qui n’existe pas dans les autres racismes, tente de donner une justification à cette haine. Il dénonce leur puissance maléfique, comme si les juifs n’avaient qu’une obsession : dominer le monde et asservir le reste de l’humanité.

Cette perception est différente de celles à l’oeuvre dans les autres racismes, qui ont eu tendance à inférioriser les populations au point de justifier l’esclavage, la colonisation ou les massacres.

Au fond, la question n’est pas de distinguer pour hiérarchiser les haines entre elles. Elle est de montrer leurs ressorts spécifiques pour mieux les combattre.

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