Porter un signe religieux, mais où est le problème ?

Porter un signe religieux, mais où est le problème ?

 

Les signes ne sont pas de simples objets. Ils ont un sens pour ceux qui les portent et pour ceux qui les voient. Ce sont des symboles qui expriment des traditions ou des choix idéologiques. Toutes les religions ont des signes de reconnaissance qui permettent d’identifier les croyants par ces marques d’appartenance. À l’inverse, des signes peuvent être utilisés pour stigmatiser une population, le signe religieux devenant infamant.

Les signes religieux peuvent avoir une permanence à travers les siècles : la croix pour les chrétiens, le sceau de Salomon pour les juifs, l’étoile à cinq branches pour les musulmans. Mais ils peuvent aussi changer de signification : le voile qui recouvrait autrefois la chevelure et les épaules des femmes juives et des chrétiennes n’est plus la règle en Europe. Aujourd’hui, certaines musulmans le revendiquent comme une obligation religieuse. Le signe est même devenu un symbole pour les intégristes, alors qu’il est combattu par des coreligionnaires au nom de l’émancipation des femmes. Les mêmes signes peuvent donc faire l’objet de prescription ou d’interdiction.

Fondée sur la liberté de conscience, la laïcité garantit la diversité des expressions religieuses, y compris leurs manifestations visibles. La seule limite est celle de la conciliation des libertés : « ma liberté s’arrête à la tienne ». Le signe religieux a des connotations différentes selon qu’il est porté dans un lieu de culte, sur la place du marché ou dans une école ! L’exemple de l’Ecole est le plus parlant.

Après neuf mois d’audition de membres de l’Éducation nationale, de dignitaires religieux, de médecins, de parents, de lycéens et de jeunes filles voilées… les vingt membres de la Commission « Laïcité et République » (2004) ont changé d’avis : d’abord hostiles à une loi, ils ont conclu à la nécessité d’interdire non pas les signes discrets, mais le port ostensible de signes, c’est-à-dire ceux qui manifestent une appartenance religieuse pour l’imposer. Des élèves de convictions diverses doivent pouvoir se consacrer à la liberté d’apprendre. Ils doivent aussi être protégés contre les menaces que leurs parents réfugiés, par exemple, ont subies dans un pays d’origine. Mais aucune décision concernant un élève arborant un signe ostensible ne peut intervenir sans une conciliation préalable. Il n’y a aucune sanction automatique.

Le droit à l’éducation est sacré. Le respect de l’autre dans sa différence est la règle, au nom de la liberté de croire de ne pas croire et de changer de conviction.

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