Procès d’un négationniste

Le 25 novembre 2020, un militant d'extrême droite est condamné pour avoir nié l'existence de la Shoah mais relaxé pour avoir qualifié de "mensonge" le massacre d'Oradour-sur-Glane perpétré par les SS le 10 juin 1944. Explications.

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Ancien professeur de mathématiques, radié de l’Éducation nationale en 1997, Vincent Reynouard est un militant d’extrême droite, qui défend l’idéologie national-socialiste. Plusieurs fois condamné pour négationnisme, et notamment à des peines de prison, il a fait l’objet d’une nouvelle condamnation le mercredi 25 novembre 2020 (quatre mois de prison), pour « contestation de crime contre l’humanité » : le militant avait publié, en mai 2017, une vidéo dans laquelle il niait l’existence de la Shoah. Il a, en revanche, été relaxé pour deux vidéos postées les 13 et 14 mai 2017 dans lesquelles il contestait la réalité du massacre d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) commis par la division SS Das Reich, le 10 juin 1944 (643 victimes).

Pourquoi cette différence ?

Dans son jugement, le tribunal a souligné qu’il s’agissait là d’un crime de guerre et que « la contestation d’un tel crime, à la différence de son apologie, n’est pas susceptible de qualification pénale ».

Il faut bien comprendre qu’il existe une distinction dans la loi entre le « crime contre l’humanité » et le « crime de guerre ». Le premier a été défini par la Charte de Londres (8 août 1945) comme « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toutes les populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux ».

Le Tribunal militaire international de Nuremberg (20 novembre 1945 – 1er octobre 1946) a défini le second ainsi : « Assassinat, mauvais traitements ou déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, assassinat ou mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, exécution des otages, pillages de biens publics ou privés, destruction sans motif des villes et des villages, ou dévastation que ne justifient pas les exigences militaires. »

Contester n’est pas faire l’apologie

Enfin, il faut souligner le fait que la « contestation » d’un crime n’est pas son « apologie ». Oradour-sur-Glane est bien un « crime de guerre » mais la loi ne condamne que l’apologie, à proprement parler, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Or, Reynouard s’est livré à une « contestation ». Quant à la loi Gayssot, elle réprime la contestation des seuls crimes contre l’humanité, sans faire mention des crimes de guerre.

Vincent Reynouard n’a donc pas été condamné pour avoir parlé de « mensonges » au sujet du massacre des massacres d’Oradour-sur-Glane.

À noter que l’homme s’est réfugié en Angleterre il y a plusieurs années pour échapper à la justice française.

 

 

 

 

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